Margouille me demande: « Qui es-tu? »
– « Appelles-moi Mick, pour les amis c’est suffisant. Le théorème de complétude de Gödel ne sera pas exposé ici, quoique… toujours penser que tout est relatif à soi, aux autres et que chaque pensée en invente une infinité d’autres. Mais passons nous verrons cela plus tard. Un coucou à mon maître yogin, Yann, je joins les mains en son honneur et envers toutes et tous. Aohmmmmmmmm…!
-« J’imprime pas là? »
– « C’est normal on n’imprime pas tout et puis il n’y aurait jamais assez d’arbres pour cela; de plus ce serait une folie mais bon ce ne serait pas la première de la part des humains, toutefois une vie sans folie douce serait triste non? Allez la suite, Gaston j’ai des fourmis dans les mains. »
Interloqué et éberlué, le petit carnassier verdâtre s’encanaille : « eh, mais c’est pas suffisant tout ça tu m’expliqueras hein, et d’abord que fais-tu chez moi? »
-« Ecoutes cher ami, certes j’emprunte ta maison quelques temps sur ton île aux parfums mais rassures-toi je te laisserai manger tous les moustiques que tu voudras et je prendrai soin de toi. Je suis là pour quelques temps avec ma famille et avec moi tu raconteras nos aventures si tu le souhaites? »
Le petit reptile fait un bond, reste statique un moment puis il me répond de sa petite voix: « D’accord, je veux bien que tu restes chez moi et que tu sois mon ami, je t’aiderai aussi à découvrir cette île appelée île aux parfums, île au lagon ou île de la lune selon les époques. Je sais qu’aujourd’hui, vous autres wassoungous vous l’appelez MA–YO–TH mais ce n’est pas mon affaire mon île s’appellera toujours monshémoyh parce que mes ancêtres y sont depuis la nuit des temps et que c’est ici mon univers, je ne connais rien d’autre. »
Sur ce, j’acquiesce avec soulagement:
– « Super, merci à toi. La découverte peut commencer et je t’aiderai à regarder plus loin que ton horizon si bleu et splendide qu’il soit. A tout de suite…et bonne lecture à nos ami(e)s. En avant les gars les filles c’est la fête à la vanille… »
Avril 2009: Ce blog me demande beaucoup de temps, ne sois pas surpris si les articles sont moins fréquents. Je ne mettrais plus mes meilleures photos noir et blanc afin de les préserver pour autre chose, quant aux peintures elles auront bientôt un site qui leur sera consacré qui sera une vitrine de mon activité.
Continueront ici les articles sur le quotidien à Mayotte même si je ne peux m’y consacrer chaque jour.
Le but n’est pas non plus de faire du journalisme à Mayotte ni de me substituer à la maison du tourisme…si parfois je présente des faits ou situations peu enviables sur l’île c’est aussi pour casser cette image d’île enchantée ou tout est parfait dans le vert-bleu-émeraude lagon. Comme partout il y a avantages et inconvénients, je pense que les avantages les lecteurs se les imaginent très bien quant aux inconvénients c’est parfois plus subtil c’est ainsi pour cela que j’en parle.
Un avantage est aussi un inconvénient selon le point de vue et ce que l’on recherche et inversement…
Tiens par exemple cette semaine j’ai vu les tomates en supermarché doubler de prix ainsi que nombres d’autres légumes un peu nases après le voyage jusqu’à l’étal. Ca calme les envies de soupes…heureusement il y a les étals des bouenis au bord des routes qui offrent des tarifs plus abordables.
Ensuite une précision: je déteste le super-chaud humide! Tout comme les étés me sont insupportables dans l’Hérault pour cause de rayonnement excessif, ici c’est l’humidité qui rend la température insupportable, certains disent qu’on s’habitue mais ce n’est pas vrai, on supporte c’est tout car on n’a pas le choix, c’est ainsi.
Si tu veux te rendre compte de l’ambiance il faut s’imaginer entrer dans une serre à 30 ou 34°C selon les jours où dès les premiers pas, lorsqu’on mange ou lors de tout autre activité différente du sommeil on transpire à grosses gouttes: agréable ? Pas vraiment! Or la sensation de bien-être des êtres biologiques que nous sommes est d’abord celle des conditions écologiques (donc climatiques) et dans ce cas six mois par an le bien-être il faut oublier ce que c’est car même dans le lagon l’eau est souvent trop chaude d’octobre à avril. Mais pour des vacances de deux semaines c’est sûr que ça plaît!
Mayotte est attachante de part l’ impression sereine qu’elle dégage, celle d’une France d’ il y a 40 ans ou plus sous certains aspects, une France tranquille, moins carrée et régulée que celle qu’on connaît sur le continent, où l’herbe coure le long des routes, où les arbres tombent sur les routes quant il pleut, où les plages sont sans digues, où on ne fait pas des procès pour un rien, où les coupures de courant ne sont pas rares, où nombre de personnes sont chaleureuses et simples (mais pas toutes enfin bon je ne vais pas développer mais y’a des blancs ici qui sont vraiment irrespectueux au possible mais sans doute le remarqué-je beaucoup plus qu’ailleurs car on s’attend tellement à ce qu’on vive en un lieu amical que les cons nous sautent aux yeux; en effet je ne crois pas qu’en métropole il y ait plus de cons en densité qu’ici ou bien l’inverse, il y a des lieux où on les distingue mieux ou bien où on s’en souvient plus longtemps…et si la bêtise est humaine il existe d’autres qualités que nous pauvres amas de cellules associées nous ferions bien de développer un peu plus, telles celles des sages chefs Cherrokees ou celles des Dogons du Mali ) .
Mayotte quand on y est, il faut se débrouiller…comme sur toute île.
Mayotte me donne envie de fuir à cause de son atmosphère surchauffée six mois par an. L’insécurité augmente fortement et tend à se rapprocher de certaines grandes villes de métropole en certains lieux seulement car globalement, à part les risques en balade quand on est du sexe féminin, les risques à la personne sont faibles et certainement beaucoup moins pires que dans bien des villes françaises.
A cause des légumes si peu variés, à cause des inondations, des chèvres ou des chiens crevés en plein « centre ville », à cause de la piètre qualité des denrées, à cause de moult maladies nouvelles qu’on peut attraper si facilement certains n’y verraient qu’un milieu hostile mais l’Ile de la Lune offre de belles qualités contemplatives.
De beaux poissons au lagon parmi tortues, dauphins et baleines, de beaux paysages verdoyants mais des bactéries à la noix, le palu, la lèpre, des staphylo, annélides et champignons heureux… On lit mayotte comme dans un livre de taoïsme: Yin et Yang…se mélangent.
Alors chacun fait son choix, certains y sont heureux car tout va bien d’autres vivent un calvaire (vols incessants, violences, maladies) similairement on peut trouver des lieux sympathiques en métropole tout comme on y trouvera des lieux peu alléchants; l’île est petite, cependant habiter à Dzaoudzi sera différent d’habiter à Mamoudzou, Boueni, Kani-Kéli ou Bandraboua, les sensations et l’ambiance ne seront ainsi pas les mêmes.
Le nord et l’ouest de l’île est plus pluvieux mais aussi plus nuageux ce qui est plus agréable à mon goût puisque la puissance solaire est atténuée.
Vivre en maison de briques est différent de vivre sous des tôles ou dans la forêt, manger à la française est différent de manger manioc, riz et zébu parfois.
Vivre en pays musulman est différent de vivre en pays post-catholique. Vivre en voyant régulièrement famille et amis est différent de vivre en reconstruisant un pôle social, tout cela est évident.
Vivre avec un bateau est très différent de vivre sans bateau à Mayotte…ceux qui n’ont pas de bateau rêvent à tout ce qu’ils pourraient découvrir tout autour de l’île avec un ptit navire et ceux qui en ont un râlent de le voir encore en réparation…
A chaque lieux ses attributs, à chaque lieux ses spécificités, à chaque lieux ses découvertes.
Certains recherchent comme cadre rêvé de vie le soleil du sud, d’autres l’ambiance colorée des ports bretons, d’autres encore la frénésie de la vie parisienne, d’autres l’isolement du Larzac ou bien les plages brûlantes des tropiques…
Alors comme chacun a sa vie, chacun a sa vision, ses espérances, ses désirs et exigences et si tu rêves de soleil et de chaleur quand il neige à Rennes ou à Clermont tant mieux ça prouve que tu es bien vivant et que tu as de l’espoir en l’avenir . Si tu ne rêves pas..tant mieux aussi car ça prouve que tu es bien où tu es …que tu n’en as rien à faire et que tu prends la vie comme elle vient.
Mayotte est attachante et donne envie d’y rester (pour contrecarrer dans cet article les côtés négatifs exposés) pour ses bons côtés cependant, j’aurais bien aimé connaître Mayotte 15 ans plus tôt…quand elle était si tranquille et encore baignée de toutes ses qualités.
Les chants des femmes mahoraises lors de ces fêtes amicales entre villages ou lors des mariages (debas) sont parmi les plus beaux moments que l’on puisse passer sur l’île (avec aussi les câlins des makis et la plongée sous-marine) c’est à voir et à entendre sans limitations!